Allocution de Véronique Brac de la Perrière
(Jeudi 29 sept 2011 au Collège Sévigné)
Je prends la parole et cela me fait infiniment plaisir car parler de Bernard, de Didier et d'Alain ne peut être que jubilatoire.
Ils font partie de nos amis mais aussi des «meubles» de Sévigné, et leur départ relève donc d'un stress maximum, comme l'est un «déménagement» si je poursuis la métaphore, c'est-à-dire que nous sommes au 3e niveau sur l'échelle du stress, après le deuil et le divorce !
Ce n'est pas un deuil heureusement car connectés comme ils le sont tous les trois, nous pourrons toujours les joindre, et même facilement, car leurs boîtes mails sont innombrables !
Ce n'est pas un divorce, loin de là, car «nous nous sommes tant aimés» pour plagier le titre d'un film célèbre, que nous sommes liés par des liens indéfectibles, d'autant que nous gardons les uns et les autres de très savoureux souvenirs communs.
Souvenirs de voyages puis-je passer sous silence un voyage en Bourgogne viticole au prétexte de nous rendre sur les traces d'écrivains célèbres où nous partageâmes au coeur d'une abbaye - le passé simple est là pour tenter d'anoblir a posteriori l'expérience - des bouteilles de Nuits St Georges, avec les élèves. Nous avions en effet demandé au chauffeur du car, esbaudi, de faire un arrêt à Nuits St Georges sur le trajet ! Le retour à la lumière, une bouteille dans chaque main, après un arrêt en cave, et les quelques pas titubants que nous aurions tant voulu assurés, jusqu'au car où nous attendaient sagement les élèves, furent parmi les choses les plus difficiles que nous ayons eu à vivre.
Souvenirs de cours d'informatique pour certains, avec Bernard, pratiqués pour moi plus longtemps que la moyenne étant donné ce que j'appellerais pudiquement des «difficultés de compréhension» comme nous l'écrivons sur les carnets scolaires de nos élèves ! Pour dire la vérité nous y trouvions surtout un pédagogue plein d'indulgence et de talent qui savait encourager ses plus piètres élèves j'en témoigne avec une vraie reconnaissance.
Et bien sûr des souvenirs de discussions passionnées autour de la montagne, la neige et le ski pour Bernard et Didier, de la pêche et des pics de froid à Aurillac pour Alain, sans parler d'une multitude d'autres sujets dont l'énumération pouvait relever de l'inventaire du sous-sol du BHV à savoir: vis, perceuse, menuiserie, plomberie, électricité, ciment, béton, bois etc. et vélo ! Il était parfois ardu de retrouver, après ces conversations hautement techniques, des comportements d'enseignants amenés à évoquer en cours dans les minutes suivantes : Goethe, Proust, ou les règles et théorèmes mathématiques !
Nos trois collègues vont terriblement nous manquer par leur extrême gentillesse, leurs petits coucous affectueux derrière les hublots vitrés des salles de classe, leur caractère jovial un zeste rabelaisien, leur immense serviabilité, leur amour des enfants n'excluant jamais l'humour, le recul qu'ils ont toujours su prendre face aux situations qu'ils savaient relativiser avec leur sagesse et leur élégance d'hommes bons qui ne partageaient avec nous que le meilleur. Ce qui nous manquera aussi ? Un Didier en tee-shirt léger au coeur de l'hiver - pardon pour le jeu de mots ! - un Bernard troquant sa tenue d'enseignant pour une tenue de coureur cycliste sous nos yeux émerveillés, un Alain plongé dans une technologie de pointe, entouré d'ordis de tout acabit maîtrisant ce monde avec une aisance de magicien.
Nous leur disons merci de nous avoir tant apporté au long de ces belles aimées où nous cheminions ensemble. Nous leur dirons donc juste un «au revoir» qui les invite à ne pas nous oublier, car ici, lorsque sonnera l'heure de la récréation, nous descendrons sans doute un peu moins vite dans cette salle des professeurs qu'ils auront désertée pour donner, après ces belles années d'enseignement, libre cours à leurs passions et offrir à d'autres ce qu'ils nous auront offert si généreusement des années durant.
Bien sûr j'ai omis une multitude de moments, d'anecdotes qui appartiennent à l'histoire de chacun d'entre nous, mais j'espère avoir montré quelque peu à quel point ces collègues furent des personnalités bienveillantes, originales et enrichissantes.
Véronique Brac
Chers collègues, chers amis,
Merci Mme la proviseur et Véronique pour cette avalanche de compliments qui nous submerge.
Voici 106 années de travail et de présence au Collège qui s’achèvent aujourd’hui. (Alain, 34 ans, Didier, 35 ans et Bernard, 37 ans)
Vous nous avez fait le plaisir de vous joindre à nous pour fêter notre départ à la retraite. Nous vous en remercions : la présence de chacun de vous nous touche profondément.
Nous avons passé au Collège de très belles années, des moments plus difficiles aussi mais qui ont créé des liens indéfectibles. Nous sommes par ailleurs heureux de céder notre place à la génération pleine d’énergie qui arrive.
Mais chers collègues, chers amis, le temps passé ici nous manquera inévitablement. Nous vous remercions pour ces si bons moments passés ensemble.
Le moment est venu pour nous de nous consacrer à d'autres choses et de profiter de tout ce temps libre qui nous est donné, pour nous et pour nos familles.
Nous vous souhaitons du fond du coeur une bonne continuation et plein de choses heureuses. Notre vie au Collège s'achève donc aujourd'hui ; grâce à vous, elle aura été très enrichissante, et votre aide nous a été précieuse, il nous restera les bons souvenirs partagés avec vous tous....
Nous vous adressons donc, à tous, nos remerciements vraiment sincères, et nous vous souhaitons une excellente continuation.
Alors à bientôt et… merci pour tout !
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